Selon les chiffres de l'ONG Save The Children, près de 300.000 enfants migrants et demandeurs d’asile sont arrivés en Europe en 2015. Parmi eux, environ 10 % fuient seuls : 26.000 enfants ne sont ainsi accompagnés ni de leur père ou mère, ni d’aucun membre de leur famille. Le droit international fournit un cadre général à la protection de cette catégorie de migrants (Convention de Genève de 1951 et protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés, Convention internationale des droits de l’enfant de 1989). Au niveau européen, si le cas des « mineurs non accompagnés ressortissants de pays tiers » a été mis en lumière de manière spécifique depuis la Résolution du Conseil de l’Europe du 26 juin 1997, il n’existe à ce jour pas de véritable approche unitaire de leur protection. Cette protection est ainsi largement laissée à la discrétion des États, qui arbitrent alors entre impératifs de protection de l’enfant et logique de contrôle de l’immigration. Le cas de la France est à cet égard symptomatique des difficultés d’appréhender la situation du mineur isolé étranger demandeur d’asile, entre nécessité de protection et aspiration à la régulation des flux migratoires.